L'Ecole de Tarot des Mémoires de l'Âme
a pour but :
- De diffuser la connaissance inspirée des archétypes du Tarot de Marseille dans sa dynamique évolutive.
- D'ouvrir un panorama de recherche par l'étude des processus psychiques, du monde archétypal et de son fonctionnement, de la mythologie et des grandes traditions religieuses par une approche vivante et éclectique.
- Cette étude ambitieuse permet de rendre intelligible l'organisation du rythme auquel, l'espace-temps comme la dimension psychique, sont soumis. Cette compréhension permet à l'être en recherche de s'inscrire dans sa capacité à créer dans le bon angle de visée.
L’entrée dans le monde archétypal, la mise en action de cette masse d'énergie psychique nous propose, par une lecture autre, un horizon décanté, un champ d'expérience inexploré.
Indifférencié l’archétype est une matrice morbide qui nous agit. Dans une lecture vivante c’est un flux d'air en attente depuis l'inconscient collectif animant l’énergie vitale ; de la même façon que le souffle divin éveilla à la vie une forme argileuse qui fut nommée Adam.
Mais qu’est ce qu’un archétype ? Comment se manifeste-il ? Comment identifier celui à l’œuvre et constellant notre psyché ?
Comment l’archétype est-il utilisé par l’ego ?
Que signifie la Loi de l’Eternel retour ? Et le rythme secret de la nécessité ?
Et qu’en est il de la transgression et de la transcendance ?
Et les 6 jours de la Genèse rythmés par les 10 Paroles ?
Quel est le sens ontologique de la trahison ? Et pourquoi l’image du serpent en est une représentation très active ? Et Dieu dans tout cela ?
Enfin, que signifie « Par delà le bien et le mal » dans une quête initiatique?
Se pourrait il qu’au-delà d’un seuil d’accomplissement l’évolution de l’être demande un code plus intelligible que le système de valeurs communément admis ? Et que ce dernier se révèle être un leurre, occultant le Motif secret du mouvement des Choses ? Et que l’accord entre le mouvement divin et notre mouvement intime soit la connaissance du rythme, des cycles et du temps ?
Le travail analytique et la quête spirituelle se révèleraient alors être bien plus une aventure « rock and roll » qu’une mise en application linéaire de valeurs séduisantes et religieusement correctes.
Etre en rythme suppose cependant d’avoir suffisamment intégré la cadence du temps pour ne pas perdre celle-ci lorsqu’un nouveau pas se propose.
Aussi, comment attraper le rythme afin d'œuvrer dans « l’avec » de l’archétype et par voie de conséquence dans « l’avec » du mouvement divin ?
Accéder à l’univers archétypal passe toujours par l’ouverture de l’image, ce qui nécessite l’acquisition d’une clef adéquate ; les grandes Traditions religieuses, les contes et les mythes en regorgent. La connaissance de l’influence des Mythes et dieux de l’Olympe, Eros, Psyché, Eros et Psyché, Kronos, Pan, Dionysos, Apollon, Hermès, archétypes majeurs de notre psyché collective, se révèle de ce fait incontournable.
Alors comment ça marche ?
Le Tarot se compose de 40 arcanes mineurs, 16 figures et 22 archétypes majeurs. Une lame de Tarot ou archétype est un modèle collectif de comportement, une matrice vide que l'on va remplir de notre histoire et de notre conscience.Le monde matériel étant un monde clos, il n'y a jamais de perte ou de manque d'énergie, mais une énergie prisonnière qui se diffuse mal, qui s'éparpille, et à laquelle l'on n'a pas accès.
Ouvrir le vitrail et rentrer dans le monde de l'archétype, mettre en action cette masse d'énergie psychique, s'ouvrir à ce courant d'air en attente depuis l'inconscient collectif, et respirer devant cet horizon s'offrant comme nouveau champ d'exérience.
Telle est l'invitation à cette odyssée au long cours d'un voyage à travers le Tarot. Nous sommes en lecture de l'archétype dès que l'on reconnaît sa manifestation - souvent en contre - dans notre vie; les obstacles se présentent donc à nous comme des tentatives pour parvenir à ces structures inspirées.
La force intuitive de l'enfance, souvent sacrifiée au profit de la raison alors que ces deux fonctions co-existent pour l'accomplissement de l'être humain, se réactive lors de la découverte du langage symbolique. En nous instruisant et en nous guidant à travers celui-ci, les Tarots nous donnent accès à une compréhension immédiate et très vive de tout un plan du fonctionnement de l'Univers.
Les 22 arcanes majeurs du Tarot représentent 22 archétypes de l'histoire humaine, comme 22 comptes reliés à la banque de notre âme et qu'il nous faut investir. Dans le ventre de notre mère, ces arcanes sont droits, puis se retournent à notre naissance. Notre histoire consistera à les redresser un par un par des prises de conscience successives.
Sur la route, Le Bateleur, premier arcane et tout juste propulsé dans ce monde, se retrouve muet de stupeur à devoir différencier le temps de l’espace puis la parole du père dans le vaste champ d’écho du corps de sa mère ; enfin, tout enchevêtré qu’il est aux multiples mémoires constitutives de son histoire, à trouver son rythme propre dans la confusion qui est la sienne à l’instant T de sa naissance.
Le Bateleur représente le « Je », « Je veux », partant à la découverte de son « Je suis » et de son « J’existe ». Mais l'apprenti initié devra parcourir 20 archétypes comme autant de champs d'expérience pour parvenir à l’instant parfait symbolisé par Le Monde, arcane 21. A ce stade, par l'énergie du Mat, 22eme arcane, il pourra choisir d'opérer un saut quantique, de s'élever d'un étage dans la spirale ascendante, redevenir Bateleur et se remettre en route… A suivre...
Hermès est un ancien dieu lune indo-européen dont le nom peut être interprété comme celui « qui gonfle dans la clarté », une désignation de la lune dans sa phase ascendante.
Selon la légende, il est le fils de Zeus et de Maïa, qui, fille du géant Atlas. Il naît un matin dans une caverne du mont Cyllène en Arcadie « pour être le tourment des hommes mortels et des dieux immortels ». Il bondit de son berceau quelques instants seulement après sa naissance pour se mettre en quête du troupeau d'Apollon. Croisant une tortue, il la tue et de sa carapace, fabrique une lyre sur laquelle il célèbre sa propre naissance ainsi que la demeure de sa mère et crée un plus tard la flûte de Pan. Le soir même, il gagne la Piérie où paissent les troupeaux divins, dérobe cinquante bœufs à son demi-frère Apollon. Cherchant à faire cuire deux des animaux, il découvre l'art de faire le feu en frottant des morceaux de bois l'un contre l'autre (la friction du désir). S'auto-célébrant, il consacre la viande aux douze dieux tout en s'abstenant lui-même de toucher au sacrifice. Après avoir dispersé les cendres, il retourne chez sa mère à laquelle il annonce avec assurance son intention d'embrasser le meilleur des métiers, c'est-à-dire celui de voleur. Têtant Héra, il gagnera l'immortalité.
Une journée s’est passée depuis sa naissance.
Lorsqu'Apollon découvre l’auteur du vol, Hermès commence par prétendre être un nouveau-né sans malice, proposant même de jurer de son innocence sur la tête de Zeus. Apollon qui n'est pas dupe s’apprête à saisir son demi-frère par le bras mais Hermès l'arrête par un éternuement.
L'affaire est finalement portée devant Zeus, devant qui Hermès proteste à nouveau de son innocence. Amusé par la précocité de son fils, le roi des dieux ordonne la réconciliation.
Apollon, charmé par le son de la lyre, échangera l’instrument de musique contre la baguette d'or de la réconciliation, le futur Caducée d'Hermès, et le don de prophétie mineure.
Il le père du dieu Pan, le dieu nature.
Inventeur en toute situations, également des poids et des mesures, la vitesse, la vivacité, la création, le commerce, le vol et la ruse font donc partie des attributions d'Hermès
.Gardien des routes et des carrefours, il est celui des frontières de l'herméneutique et de la déconnexion entre les différents mondes. Hermès, avec ses relations multiples, ses tromperies a cependant besoin de limites et de frontières.Donc attention, pour qu’Hermès accomplisse sa fonction du guide des âmes nous devons lui fournir de la matière à transformer en message, non pas des prises de conscience mais quelque chose à traduire en une révélation. Il apparaît dans l'acte d'interprétation, Son cadeau et le dévoilement lui-même. L'histoire ne nous appartient plus, Hermès est emparé du récit, lui fait prendre des ailes, le récit disparaît de son réseau historique de connexion terrestre où il s'est amorcé et a été réduit à un sens souterrain, dirigeants les vents et guidant les âmes aux enfers.
Toutes choses portent un message des dieux adressés à l'âme. Hermès apparaît comme le mythe des significations, dans son attirance répétée pour Mercure que ce soit à travers la schizophrénie, la chronicité, la transformation, la mort ou encore à travers l'art hermétique qu’est l’alchimie.
Hermès aime voler et mentir. Il s'exprime autant par l'intérêt pour l’analyse que celui de la psyché, des secrets hermétiques de la psyché et par la recherche herméneutique le long des frontières de la psychologie, ou des domaines bizarres se jouxtent. Dans le travail analytique Hermès ne crée pas de nouvelle cosmologie, mais confère une signification neuve à celle qui existe en la conduisant vers la psyché et en conduisant la psyché vers la mort.
Il est donc particulièrement présent dans les Arcanes en mouvement.
(L'arcane XV - Le Diable)
Kronos-Saturne
(L'arcane IX - L'Hermite)
Kronos, Chronos, le Temps.Il existe deux versions concernant la naissance de Chronos - Khrónos en grec ancien. Je privilégie la tradition orphique présentant Kronos comme un dieu primordial personnifiant le Temps et la Destinée. Il est uni à la déesse Ananké, (déesse de la Nécessité et mère des trois Moires ou « portions de destin assignées à chaque homme » : Clotho la Fileuse tisse le fil de la vie, Lachésis la Répartitrice le déroule, Atropos l'Implacable le coupe). De cette union vont naître trois enfants : Chaos, Éther et Phanès.
Selon la Théogonie d'Hésiode, à l'origine, il y a le Chaos primordial dont naissent par parthénogénèse, Gaïa, la Terre et Ouranos, le Ciel ainsi qu'Éros, le Désir, principe vital et dynamique.
Kronos, fils de Gaä et Ouranos (Terre et Ciel), appartient donc à la deuxième génération divine : « Puis vint le plus jeune d'entre les Titans, Kronos aux pensées courbes, le plus terrible des enfants ; et il prit en haine son géniteur florissant... ».
La légende de Kronos est d'abord placée sous le signe de la haine et de son redoublement, la vengeance : tisis (d'où les Titans tireraient leur nom). En effet, les enfants d'Ouranos sont haïs par leur père qui leur refuse naissance en les maintenant au profond des entrailles de Gaïa. Oppressée de ne pouvoir mettre au monde, celle-ci demande à son fils Kronos d'appliquer son désir de vengeance: avec la faux fabriquée par les soins de sa mère, il tranche les testicules de son père séparant ainsi la Terre et le Ciel en deux entités distinctes.
Si le sang issu de cette castration tombe sur la Terre et donne naissance à des puissances redoutables, les parties génitales sont elles jetées à la mer. De la rencontre de la mer et du Ciel nait Aphrodite (déesse de la Beauté), issue originellement de la lutte entre Ouranos et Kronos.
Kronos règne alors sur les autres dieux mais pour conserver la maîtrise du monde, dévore ses enfants issus de son union avec Rhéa sa sœur et double de Gaïa. Zeus, le dernier de ses fils, par une ruse de sa mère, réussit à son tour à détrôner son père et impose sa souveraineté. Avec lui, une nouvelle génération de dieux s'impose, les Olympiens, qui règnent sur un univers plus apaisé permettant à l'Homme de faire son apparition. Se place ici, sous le signe du bonheur et de l'heureuse fertilité (l'âge d'or), la seconde partie du mythe.
La beauté est un état d'âme si indifférencié, si élémentaire qu'il n'est pas étonnant d'en retrouver le motif dans l'amplification mythologique primitive et archaïque des mythes de Kronos et Saturne, illustrant ainsi les origines les plus lointaines de la cosmogonie humaine lors de la naissance d'Aphrodite, issue de la rencontre du ciel et de la mer. Quant à l'ambivalence de ce cycle, cruauté et paix, lecture est à faire comme une subtile représentation du temps: lorsque le Dieu Courbe (la pliure du temps en astrophysique) dévore sa progéniture (représentant la succession d'instants), le chaos devient imprévisible ; en revanche en l'âge d'Or de Saturne la mesure du présent règne chez les hommes, offrant à ceux-ci de « vivre l'instant comme des immortels ».
Kronos (ou Saturne) correspond à l'intellect dans le sens non rationnel du grec «noûs » signifiant la faculté de connaître en donnant forme et unité à l'objet, soit « sacer noûs » ou esprit sacré.
Lorsque Ouranos refuse naissance à ses enfants en les maintenant au profond des entrailles de Gaïa, se met en image la puissance du refoulé, de la tradition qui étouffe, des interdits mal posés, des idées ou projets qui ne verront jamais le jour.
Il est le dévoreur archétype représentant la digestion interne, le ralentissement, la dépression magistrale.
L'aspect dépressif, dominant chez Kronos, est généré non seulement par le pressentiment insupportable et inévitable de la mort mais également par la conséquence qui en découle. En effet, le sujet tout en étant témoin de sa mort continuelle, ne meurt pas. Le père et le fils voient, reflété dans l'un comme dans l'autre, ce qui les attend tous les deux: l'inévitable vieillesse pour le Puer, l'usurpation de sa place pour le Senex.
Indissociable de la fin et de la mort, le temps dans la matière pose l'exercice exigé de la solitude. Au commencement de toute réalisation spirituelle, il y a la mort, premier détachement du monde : la conscience doit être arrachée des sens et dirigée vers l'introspection. Mais comme la lumière intérieure n'a pas encore jailli, cet abandon du monde extérieur est ressenti comme une nuit oppressante, une nox profunda.
Se pose également l'œuvre de différentiation imposée lors du choix évolutif et l'acceptation de l'expérience de la hiérarchie. La hiérarchie ramène l'être à un mouvement constant, une prise en compte de sa position réelle se renouvelant continuellement, soit l'entre-deux du rang vécu dans le 100% de l'instant.
L'intense et ontologique sentiment de solitude ou l'acedia (désignant le manque d'ardeur, l'âme laissée en jachère, la dépression) se doit d'être accepté comme partenaires de l'aventure humaine. La lutte en contre l'acedia sera toujours vaine, au contraire du « vivre dans l'avec ». Accepter l'acedia, sans s'y identifier tout en l'acceptant comme énergie fondamentale et constitutive de notre psyché, ouvre à l'empathie et à la création; l'acedia débouchant sur la généreuse mélancolie est l'illustre compagne de la beauté.
La tristesse est donc partie intégrante de la psyché humaine, l'ouvrant au monde sensible de la même façon la mélancolie fait partie de la lumière éclairant le chemin...